
Départ imminent pour Pontrieux, mais cette fois-ci, d’une manière unique : à bord de la Vapeur du Trieux, ce train historique qui sillonne la vallée du Trieux entre Paimpol et Pontrieux.
Départ gare de Paimpol
Arrivé à la gare de Paimpol quelques instants avant le départ, je suis immédiatement plongé dans une atmosphère d’antan. La vieille locomotive, véritable dame de fer, souffle bruyamment, laissant échapper des volutes de vapeur comme si elle piaffait d’impatience avant le grand départ.
Soudain, un coup de sifflet retentit : il est l’heure ! Le train s’ébranle lentement, le bruit caractéristique des roues sur les rails résonne, et nous voilà en route.
Nature et patrimoine au fil du Trieux
Assis à l’arrière, je profite d’une vue imprenable sur le paysage qui défile sous mes yeux. La vallée du Trieux se dévoile dans toute sa splendeur : des rives boisées, des petits ponts pittoresques, et cette sensation de voyager dans le temps, bercé par le rythme régulier de la locomotive.
Au détour d’un virage, la Maison de l’Estuaire surgit entre les arbres, posée sur les rives du Trieux. Ancien manoir de Traou-Nez, elle est aujourd’hui un centre dédié à la découverte du patrimoine naturel et à la préservation de l’écosystème de l’estuaire. Restaurée récemment, elle accueille expositions, ateliers et animations sur la faune et la flore locales, invitant à mieux comprendre cet environnement fragile. Ce lieu, également lié à l’affaire Seznec, l’une des grandes énigmes judiciaires du XXᵉ siècle, conserve une part de mystère. Depuis ses abords, des sentiers serpentent à travers la forêt de Penhoat-Lancerf, offrant un accès privilégié aux paysages bordant la rivière.
Alors que le train s’élève, la vallée du Trieux se dévoile dans toute sa splendeur. En contrebas, la rivière serpente entre les collines boisées, et au loin, le château de la Roche-Jagu domine le paysage. Perché sur son promontoire, il veille sur les méandres du Trieux et ses rives verdoyantes. Depuis les wagons, la vue est imprenable : les jardins en terrasses contrastent avec la silhouette austère de la forteresse, offrant un tableau saisissant où nature et histoire se fondent harmonieusement.
Le train poursuit sa route et approche du pont de Frynaudour, aussi appelé viaduc du Leff. Conçu en 1893 par Gustave Eiffel, cet élégant ouvrage d’acier enjambe le point où le Leff se jette dans le Trieux, mêlant ses eaux à celles de la vallée que nous surplombons. En contrebas, les courants se rejoignent dans un mouvement paisible, tandis que les rives boisées encadrent la voie. Nous quittons le Goëlo pour entrer en Trégor, sans que le paysage ne semble réellement se transformer. Pourtant, une ancienne frontière a été franchie.
Arrivée à Pontrieux, Petite Cité de Caractère®
Le train poursuit son avancée et déjà, les premiers signes de Pontrieux apparaissent : quelques maisons surgissent entre les feuillages, et le Trieux, qui nous accompagne depuis Paimpol, rétrécit avant d’atteindre la petite cité.
Bientôt, la gare se dessine, marquant la fin de ce trajet hors du temps. La locomotive ralentit, un dernier panaché de vapeur s’éleve dans le ciel, puis le train s’arrête dans un léger grincement. Mais le voyage ne s’achève pas ici : Pontrieux, Petite Cité de Caractère®, invite à prolonger l’évasion. Nichée au bord du Trieux, Pontrieux séduit par son charme intimiste et son riche patrimoine. Ancien port fluvial, la ville s’est développée autour de la rivière qui lui a donné son identité. Le long de ses quais et de ruelles pavées, les maisons de granit et à colombages rappellent son passé prospère, tandis que ses cinquante lavoirs, autrefois animés par les lavandières, murmurent encore des bribes d’histoires.
Au fil de l’eau, reflets des façades se mêlent aux feuillages, offrant un décor pittoresque qui s’admire à pied ou en barque. Entre son centre historique préservé, ses artisans passionnés et l’atmosphère paisible de ses jardins, Pontrieux s’impose comme une escale incontournable, où le temps semble suspendu.
(© Texte Gwenaël Le Meur)